Pour sa sixième édition, la série des Grandes Traversées invite les auditeurs de France Culture, chaque semaine, à un voyage à travers les lieux et les époques qui ont façonné le monde d'aujourd'hui. Afrique, Europe, Amérique du Sud, Amérique du Nord, Asie-Pacifique... à chaque continent ses symboles historiques et culturels. La sélection de France Culture pour l’été 2011 propose deux voyages, l'Algérie et l'Afghanistan , et trois biographies, Fidel Castro , Marlene Dietrich et Ernest Hemingway . En complément à ces cinq sujets, France Culture vous propose également de revivre chaque samedi les Batailles pour la culture initiées dès 1981 par Jack Lang, alors Ministre de la Culture.
Toutes ces Grandes traversées sont segmentées en trois formats : un recueil d'archives radiophoniques (de 9h05 à 10h), un débat (de 10h à 11h), un documentaire (de 11h à 12h).
Cette semaine, du 25 au 29 juillet 2011, l'équipe d'Aurélie Luneau et Yvon Croizier vous convie à une exploration de l'Algérie d'hier et d'aujourd'hui , marquée par la guerre d'indépendance. Ils ont rencontré ceux qui ont vécu le conflit de l'autre côté de la Méditerranée entre 1954, les premières actions du FLN, et les accords d'Evian en 1962. Ces intervenants font part de leurs souvenirs, et à travers leurs témoignages s'expriment parfois des séquelles inhérentes à leurs parcours. Premier ressenti : Alger, Oran, et la Kabylie restent empreintes des symboles d'un passé colonial pas encore tout à fait révolu.
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Crédits : Yvon Croizier
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Radio France © yvon croizier / Radio France
Il apparaît aussi que le destin de l’une des plus récentes colonies françaises était apparemment écrit avant 1961... L'enseignement de la Révolution française aux jeunes algériens aurait fait des émules. En novembre 1954, le FLN comptait alors parmi ses membres de jeunes militants tout juste formés pour la guerre et déjà remplis du même espoir d'émancipation que les sans-culottes en 1789. Dans cette société où cohabitaient sans se mélanger les “Européens d’Algérie”, les “Musulmans”, les “Juifs” et les “Français d’Algérie”, une certaine amertume émanait du fait que tous ne jouissaient pas des mêmes droits et libertés, et que ce pays ne portait plus tout à fait les valeurs véhiculées par leurs ancêtres. Beaucoup rêvent alors d’une nouvelle liberté, de dignité, et de reconnaissance.
De toutes ces tensions naît un conflit qui prendra une tournure réellement différente en 1961, lorsque le FLN fut l’objet d’une répression dont la violence s’intensifia de jour en jour. Face aux insurgés : les Harkis, “indigènes” qui, sous l’uniforme français, exécutaient les directives d’une opération de pacification aux fondements encore débattus aujourd’hui.
Ce sont tous ces traumas, et leur résonnance aujourd'hui, 50 ans plus tard, que brossent Aurélie Luneau et Yvon Croizier dans cette série de [documentaires](/emission-les-grandes-traversees-algerie-doc.html "Les Grandes traversées / Algérie (doc)") tournés sur le sol algérien, dans les émissions d'[archives](/emission-les-grandes-traversees-algerie-archives.html "Les Grandes traversées / Algérie (archives)") et dans les [débats](/emission-les-grandes-traversees-algerie-debat.html "Les Grandes traversées / Algérie (débat)").
**En complément à cette série, voici trois interviews "bonus" à écouter, disponibles exclusivement sur le site de France Culture.** - En bonus du documentaire "[Soldats de la Révolution](/emission-les-grandes-traversees-algerie-doc-soldats-de-la-revolution-2011-07-25.html "Soldats de la Révolution")", diffusé le lundi 25 juillet 2011 : le témoignage du ministre de l'Intérieur algérien **Dahou Ould Kablia** , ancien combattant du FLN.

Ancien maquisard FLN, affecté au ministère du renseignement et des communications du 1er GPRA, responsable des questions militaires, Dahou Ould Kablia se souvient du temps des négociations dans cette année 1961, des enjeux, du poids de chaque camp dans cette guerre perdue sur le terrain militaire par le FLN, mais gagnée sur le plan politique et international. Le jeu mené par le général de Gaulle et ses représentants, et des sujets de frictions comme le Sahara. Des tensions qui n’empêchèrent pas d’obtenir des accords signés entre les deux parties.
- En bonus du documentaire "[Sous l'uniforme](/emission-les-grandes-traversees-algerie-doc-les-grandes-traversees-algerie-doc-2-2011-07-26.html "Sous l'uniforme")", diffusé le mardi 26 juillet 2011 : le témoignage du commissaire de police **Roger Le Doussal** à Alger.

Directeur de l’Inspection Générale de la Police Nationale en 1989, Roger Le Doussal fut commissaire des R.G. en Algérie de 1952 à 1962, à Bône, puis à Alger à partir de 1960. Il nous raconte sa situation en 1961, la découverte du terrorisme et la lutte menée contre lui, le partage des rôles entre police, armée et les services de renseignements. A travers ses souvenirs, Roger Le Doussal nous fait revivre le putsch des généraux en avril 1961, l’OAS, la violence, mais aussi l’évolution des sentiments vis-à-vis du chef de l’Etat, le général de Gaulle, et le regard porté sur le retrait de la France mené par la Vè République en Algérie. Un témoignage nourri de nombreuses recherches menées par lui ces dernières années.
- En bonus du documentaire "[En quête de reconnaissance](/emission-les-grandes-traversees-algerie-doc-les-grandes-traversees-algerie-doc-4-2011-07-28.html "En quête de reconnaissance")", diffusé le jeudi 28 juillet 2011 : le témoignage du réalisateur **Medhi El Hadj** , enfant de la rue Mouffetard à Paris.

Ancien attaché de réalisation à France Culture, Mehdi El Hadj se souvient de ses années de guerre d’Algérie, en France. Alors enfant, d’origine franco-algérienne (son père était algérien et sa mère française), il vivait rue Mouffetard, à Paris. En retournant sur les lieux, il nous raconte l’atmosphère, l’ambiance, la violence palpable et visible dans le regard des gens, avec le souvenir que l’on ne parlait pas de cela, par peur ou par méfiance. « Même s’il faisait beau, il y avait une grisaille » raconte t-il. Avec lui surgissent du passé les harkis du préfet de police de l’époque, Maurice Papon, les tueurs du FLN dans la guerre menée aux militants du MNA, les figures du quartier, les premiers pieds-noirs. Une vie qui se passait dans la rue, à cette époque, pour un jeune garçon !
**Voici un aperçu, sous la forme d'un diaporama, de quelques témoins rencontrés au cours du voyage par Aurélie Luneau et Yvon Croizier à Oued Taria, Fort National en Kabylie, Oran, et Alger.** 