Anne Wiazemsky : "Je parle de moi pour parler d’autre chose"
Disparition | Figure de la Nouvelle Vague et écrivain confirmé, Anne Wiazemsky vient de s'éteindre. Laure Adler l'avait reçue en septembre 2015.

Figure de la Nouvelle Vague et muse de Jean-Luc Godard, Anne Wiazemsky a endossé des rôles devenus mythiques dans Au hasard Balthazar, La Chinoise, Théorème... Elle est aussi un écrivain confirmé, avec des romans comme Une poignée de gens, Une année studieuse ou Canines, pour lequel elle a obtenu le Goncourt des lycéens. Le 1er septembre 2015, elle se racontait au micro de Laure Adler.
Figure de la Nouvelle Vague
Dans cette émission, Anne Wiazemsky évoquait notamment l'époque de la Nouvelle Vague, puis l'année 1968, pendant laquelle la société avait bousculé ses codes, et qui avait accéléré le désir de rupture totale des cinéastes, dont Jean-Luc Godard :
C’était Jean-Luc, très inquiet, qui craignait que je n’aie pas eu le temps de regagner notre appartement. ‘Écoute Europe numéro 1, ça barde au Quartier latin !’ Nous étions le 3 mai 1968.
Raconter le monde, humblement
Anne Wiazemsky n’utilisait son histoire que pour raconter le monde : "Je refuse la banderole ‘autofiction’ car je parle de moi pour parler d’autre chose." Car pour elle, les personnes se revendiquant de l’autofiction décrivent une expérience immédiate : "Elles vivent des choses et l’écrivent tout de suite. Or, moi je laisse passer des années, et donc intervient cette folle qu’est la mémoire."
Dans cette mémoire, l'actrice et écrivain gardait le souvenir d’un grand-père pas comme les autres : François Mauriac :
Il m’a donné le goût de la liberté que je n’ai jamais cessé de vouloir conquérir. J’ai vraiment essayé d’avoir son approbation.
Car Anne Wiazemsky n'était pas sûre de son propre talent :
Je ne suis pas encore au courant que j’ai une voix. Je ne suis pas sûre encore. Aujourd’hui encore, j’ai des doutes sur ma qualité d’écrivain.
Enfin, Anne Wiazemsky évoquait son écriture, à la fois noire et lumineuse :
Une année studieuse, mon premier roman, était ensoleillé. Mais j’ai senti que je ne pouvais pas m’arrêter à ça car ce roman finit comme un conte de fées, or les contes de fées, dans la vie, ça n’existe malheureusement pas…