Le directeur d’Orange Content est décédé lundi 3 février à 60 ans à son domicile parisien, a annoncé sa famille à l’AFP. Haut-fonctionnaire, ancien conseiller à la présidence de la République, il dirigea notamment France Culture avant d'être chargé de la stratégie et des contenus de Radio France.
Normalien, agrégé de philosophie et énarque de la promotion "Liberté Egalité Fraternité", David Kessler était un homme de culture et d'influence. De livres et de cinéma avant tout mais aussi de télévision et de radio. Sa famille a communiqué à l'Agence France Presse sa mort ce lundi chez lui, à Paris, à 60 ans, pour une raison non précisée.
Conseiller auprès de Jospin, Delanoë puis Hollande
Grand lettré, figure active du judaïsme libéral français (il présida le Mouvement juif libéral de France entre 1990 et 1994), David Kessler a beaucoup entouré les politiques. A gauche, mais aussi apprécié à droite. De 1997 à 2001, celui qui fut déjà auparavant directeur général du CSA conseille pour la culture et la communication le Premier ministre socialiste Lionel Jospin. Il occupera la même fonction auprès du maire PS de Paris Bertrand Delanoë, puis du Président François Hollande. Avec deux années passées à l'Elysée.
Conseiller d'Etat, il renforce sa connaissance du septième art à la tête du Centre national du cinéma (CNC) de 2001 à 2004, avant quantité de mandats dans des médias. "Une figurine de clown trône sur son bureau. Elle l'a accompagné partout." révèle Stratégies dans un portrait de 2011. "Ce serait peut-être ça, ma touche rock : cultiver la distance, l'ironie", confie alors celui qui explique aussi avoir eu pour élève dans ses cours de droit public un certain Matthieu Pigasse. Ce spécialiste de Spinoza qui avait commencé par enseigner la philosophie à Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais).
David Kessler a consacré sa vie à la culture sous toutes ses formes et à la création dans toutes ses dimensions. C’est ainsi qu’il pensait servir son pays, au sein de l’Etat ou à la tête de grands organismes publics ou privés. Nombreux sont ceux qui le pleurent aujourd'hui. https://t.co/v8zO4iKHcL
— François Hollande (@fhollande) February 4, 2020
Pensées affectueuses pour David Kessler intelligent cultivé rayonnant libre il nous a beaucoup donné. Merci à lui
— Bertrand Delanoë (@BertrandDelanoe) February 4, 2020
"Une radio doit être à la fois une grande stabilité et en même temps un souci perpétuel de changement"
Passé rapidement au petit écran comme conseiller du PDG de France Télévisions, Marc Tessier, David Kessler succède le 1er septembre 2005 à Laure Adler. Il est nommé à la tête de France Culture par le pdg de l'époque Jean-Paul Cluzel.
Interrogé notamment par des auditeurs dans une émission de Jean Lebrun de 2006 où il est question entre autres de blog et de podcasting, il expliquera que l'"on doit avoir deux préoccupations" :
La première est que nos émissions soient repérables. Que les auditeurs puissent ce qu'il y a à un moment donné sur l'antenne. (...) Et il faut que France Culture reste absolument un espace de débat, un espace pluriel. C'est un point essentiel. Il y a une grande diversité. Je suis arrivé assez récemment donc je découvre aussi la radio et les visages derrière les voix que j'entendais. Et ce qui me frappe, c'est la grand diversité des gens qui font la radio. Mais il faut aussi une diversité des thèmes étudiés et une pluralité des approches. Il faut faire tenir toutes ces approches dans une grille très compacte. Et une radio doit être à la fois une grande stabilité et en même temps un souci perpétuel de changement.
Et d'ajouter, à une question du producteur, que l'un des grands défis pour France Culture était "de ne pas simplement être tributaire des sujets extérieurs. Comment inventer ? Comment créer des formes radiophoniques ? On peut le faire par différentes manières, par le documentaire qui est extraordinairement singulier en radio, et on peut le faire dans la recherche d'angles différents."
A son départ, en août 2008, "De longs applaudissements emplissent le studio 168 de France Culture. Il y a là l'ensemble du personnel de la chaîne. Les chargés de production, la rédaction, les administrateurs, les producteurs, les attachés d'émissions. Ensemble, chaleureusement, ils saluent le patron de France Culture" raconte Télérama. Malgré son court passage, David Kessler a marqué la station. Épaulé par Laurence Bloch, Pierre Chevalier (disparu récemment), Blandine Masson, Jean Lebrun, Marc Voinchet ou Marc Crépin.
Sa voix, son rire, son élégance, sa bienveillance et ses traits d'esprits restent dans les mémoires.
Celui qui avait relevé le défi de succéder à Laure Adler, qui "remplissait son rôle à merveille" estimait Télérama, a notamment donné naissance au prix France Culture CINÉMA :
Après Radio France, où il réfléchira également à la stratégie des contenus, ce père de trois enfants dirigera notamment le magazine culturel les Inrockuptibles puis la version française du site d'informations Huffington Post. Le Monsieur cinéma d'Orange avait co-écrit un livre sur "Les institutions politiques françaises" et avait signé plusieurs rapports, notamment sur "l'oeuvre audiovisuelle", en 2002, et sur la radio numérique terrestre, en 2011 (sans viabilité économique à l'époque selon lui).
"Je n’oublierai jamais, entre mille choses, qu’il a été le premier à croire et soutenir le Festival Solidays et l'association Solidarité Sida" rappelle aussi, parmi des dizaines d'hommages, Agathe Bousquet, la présidente de Publicis Groupe en France.
La directrice de France Culture, Sandrine Treiner, ainsi que la responsable des fictions de la station, Blandine Masson, et le matinalier de l'époque, Marc Voinchet, l'ont évoqué ce midi dans "La Grande table" d'Olivia Gesbert :
David, passe le bonjour à Pierre et salue aussi Sophie de ma part... 😢😞 pic.twitter.com/u0W4zVfMuQ
— marc voinchet (@mvoinchet) February 4, 2020
J’entends encore son énorme éclat de rire dans les couloirs de @Franceculture.
— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) February 4, 2020
Je le revois marcher d’avant en arrière quand il prenait la parole en public.
Il était adorable, compétent et généreux. Bien des jeunesses meurent avec lui. 💔#DavidKesslerhttps://t.co/vsaW4DPczx
Hommage de Mauvais Genres à David Kessler dont l'amicale bienveillance nous a toujours été chère et qui vint un jour, en plateau, évoquer avec nous son amour de Maigret et de Simenon. #kessler#franceculturepic.twitter.com/GJqTWwaM9y
— François Angelier (@frangeliers) February 4, 2020
David Kessler était un patron de France Culture à l'écoute, qui m'a donné ma chance à l'antenne en 2007. Sauf erreur, c'est lui qui a mis en place les premiers podcasts de replay à RF. Recroisé quelques fois, toujours souriant et se souvenant. C'est triste, c'est jeune. https://t.co/sW8WXIW12d
— Thomas Baumgartner (@thbaumg) February 4, 2020
Grandes tristesse et émotion à l'annonce de la mort de David Kessler, un homme érudit et très agréable. Avec @mhcrepin il m'avait donné la chance d'intégrer la rédaction de @franceculture en 2008 et je ne l'oublierai jamais. Je pense à lui et sa famille. https://t.co/36NGuwGDVG
— Frédéric Métézeau 📻 (@FredMetzo) February 4, 2020
Les mots manquent. La stupéfaction,une immense tristesse me saisissent. L’intelligence, la culture, l’engagement et l’humanité réunis dans une seule personne. Gratitude personnelle absolue et amitié indéfectible #DavidKessler. Douces pensées à sa famille,ses enfants.
— Caroline Cesbron #RestePrudent (@CarolineCesbron) February 4, 2020
@franceculture est en deuil. Il avait dirigé la chaîne entre 2005 et 2008, avec beaucoup de compréhension et de goût, contribuant à la faire rayonner toujours davantage. @mdavkes a laissé chez tous un souvenir amical et chaleureux. Un souvenir qui ne s’effacera pas. https://t.co/NCSpxnPyUj
— Sandrine Treiner (@SandrineTreiner) February 4, 2020
Immense tristesse. David Kessler, ancien directeur de @franceculture et subtil connaisseur de l’audiovisuel a toujours défendu la transmission des savoirs et l’ouverture d’esprit. Je pense à sa famille et à ses proches.
— Sibyle Veil (@SibyleVeil) February 4, 2020
La disparition brutale de David Kessler nous ampute désormais d’un homme de culture, brillant et pondéré, charmant, un homme qu’on aimait consulter pour ses avis toujours éclairés, pétris d’histoire et de philosophie. Un homme aimable et aimé. Infinie tristesse.
— Delphine Ernotte (@DelphineErnotte) February 4, 2020
Dans le froid de l'hiver, le cœur serré, un immense vide nous saisit. Je pense à toi et aux tiens mon cher David, à tous ces moments partagés ensemble durant ce long compagnonnage. So long l'ami. https://t.co/ibec1UPcp5
— Roch-Olivier Maistre (@romaistre) February 4, 2020
Fin, cultivé, exquis, grand esprit, grand commis de l’Etat (Jospin, Hollande, CNC) David KESSLER est parti trop tôt, soudain, à 60 ans. La voilà l’injustice divine (il était très pieux)... On pleure un ami délicieux, amoureux du cinéma, un type bien. Une pensée.
— gilles jacob (@jajacobbi) February 4, 2020
C’est avec une infinie tristesse que nous avons appris le décès de David Kessler. Mes premières pensées vont à sa famille et aux équipes d’Orange Content qui sont comme moi sous le choc. David était un homme de culture et de passion, un être délicieux et un ami très cher.
— Stéphane Richard (@srichard) February 4, 2020
Un choc, la perte de David Kessler vrai ami de 30 ans...Compagnon de révisions, à la rare puissance intellectuelle, bienveillant avant que cette qualité devienne à la mode, érudit et drôle, époux de Sophie puis changeant sa vie, libre et engagé à la fois https://t.co/NXNDC7R4qQ
— Pierre Louette (@LouettePierre) February 4, 2020
40 ans d’amitié . Bien avant la télé. Bouleversé . Adieu David ... Mort de David Kessler, le directeur d’Orange Content et ancien patron de France Culture https://t.co/x2GRNqiGB6
— Marc-Olivier FOGIEL (@FogielMarcO) February 4, 2020
En plus de toutes ses qualités exceptionnelles louées par tous, David Kessler était un ami merveilleux, généreux, drôle, toujours à l’écoute et disponible. Un véritable mensch.
— Isabelle Wekstein (@IWekstein) February 4, 2020