C'est l'histoire d'un chef-d'oeuvre enfoui dans une église du Puy-de-Dôme, vendu à un brocanteur intéressé par son cadre ! Après douze années d'expertise, le panneau se révèle être une Pietà attribuée à Jean Malouel, peintre officiel des ducs de Bourgogne au XVe siècle. Acquise par le musée du Louvre, le public pourra la découvrir, restaurée, à partir de ce mercredi.
Combien de brocanteurs en rêvent ? Un lot acheté quelques centaines de francs qui contient une pépite aujourd'hui estimée à 7,8 millions d'euros ! Ou comment un curé qui a besoin d'un peu d'argent pour réparer le chauffage de son église cède sans le savoir un chef d'oeuvre. Récit d'Aimie Eliot (30/04) :
"Une bouffée d'oxygène pour les finances de Vic-le-Comte"
Depuis la loi de 1905, les communes sont propriétaires des biens qui garnissent les lieux de culte. Et la commune de Vic-le-Comte aurait ainsi pu revendiquer la propriété du Christ de Pitié attribué à Malouel car le curé n'avait pas le droit de vendre ce bien. Douze années de recherches juridiques ont donc été nécessaires pour que le musée du Louvre s'assure de la légalité de la transaction entre le curé et le brocanteur, sans spolier la petite ville auvergnate.
Un accord tripartite a finalement été trouvé.Le brocanteur, qui très vite avait décelé des feuilles d'or, a hérité de 5,5 millions d'euros. Et la commune a été dédommagée à hauteur de 2,3 millions d'euros. "La moitié de son budget annuel...une bouffée d'oxygène pour les finances", comme l'a expliqué son maire, Roland Blanchet, à la chaîne de TV Clermont 1ère.
"L'acquisition majeure de ces cinquante dernières années pour le musée"
Pour ceux qui n'auront pas l'opportunité de découvrir l'oeuvre sur place, Dominique Thiébaut, conservateur général au département des peintures , décrit les éléments essentiels du Christ de pitié soutenu par Saint Jean l'Evangéliste en présence de la Vierge et de deux anges :
Pour Vincent Pomarède ,la Pietà constitue "l'acquisition majeure de ces cinquantes dernières années pour le musée", au point d'être tout de suite classée Trésor national. Le Directeur du département des peintures du Louvre considère même l'oeuvre comme "le noyau originel de la peinture française" :
Un mécène unique pour acquérir le bien
Mécène unique, l'entreprise Axa a réglé la totalité de la facture : près de 8 millions d'euros. Elle devrait bénéficier en conséquence de la loi sur les Trésors nationaux et d'un abattement fiscal de l'ordre de 90% du prix des oeuvres acquises. Vincent Pomarède explique les ressorts d'un financement difficile et raconte le coup de foudre d'Henri de Castries, le Pdg d'Axa :
"Le Trésor national est un privilège pour les musées publics"
Ce statut d'exception est aussi la cause d'une controverse sur le coût exorbitant de la Pietà. Le site "on dit médiéval, pas moyenâgeux" estime que le " Trésor national est un privilège pour les musées publics". Vincent Pomarède tente de répondre à cette question polémique :
Le Louvre détient désormais les deux Pietà de Jean Malouel. Nouvelle vedette du musée, l'oeuvre va faire la connaissance d'un large public. Alors que le brocanteur qui l'a débusquée a préféré garder l'anonymat et briller par son absence lors de la cérémonie de remise du tableau. Axa poursuit son engagement en matière de mécénat culturel et de sauvegarde du patrimoine
Le communiqué de presse d'Axa sur l'acquisition du Christ de pitié de Jean Malouel pour le musée du Louvre.
Un article France Culture consacré à l'entrée du tableau au Louvre grâce aux dons du public.