Joan Miro, "le plus grand inventeur de formes au 20e siècle"
Comment créait Joan Miro, quelles étaient ses sources d'inspiration, comment qualifier ses œuvres et quel est ce langage qu'il a inventé ? Un portrait sonore donne la parole à des spécialistes de l'œuvre de Miro pour répondre à ces questions et tenter de comprendre ce regard unique de l'artiste.

Au cours de ce portrait sonore de l'artiste Joan Miro, diffusé dans l'émission "Une vie, une oeuvre" en 2001, on peut entendre les témoignages d'hommes de l'art qui rendent hommage au peintre catalan et livrent leurs analyses sur son œuvre.
Ainsi, sur la prétendue naïveté de l'oeuvre de Miro, le critique d'art Georges Raillard donne-t-il son avis :
Miro était un homme fort intelligent. [...] Malheureusement, la légende est un peu due à André Breton, sur la naïveté, l'innocence, le caractère enfantin de Miro. S'il y avait de l'enfance chez Miro, c'était l'enfance que Rimbaud ou Baudelaire recommande et à laquelle André Breton aurait dû être plus sensible.
Pour Jacques Dupin, poète et expert de l'œuvre de Miro :
Chez Miro il y a eu un moment de "l'assassinat de la peinture" : il faut assassiner la peinture parce qu'elle est si mauvaise... ou alors retourner à l'âge des cavernes, mais comme ce n'est pas possible, ce qu'il faut c'est détruire pour retrouver quelque chose de nouveau, de vif.
Quant à Jean-Louis Prat, ancien directeur de la Fondation Maeght où sont exposées des œuvres de Miro :
Miro invente totalement un langage au 20e siècle, ce qui est rare. Il trouve un nouvel alphabet, il utilise ces nouveaux mots, il les assemble et puis d'un seul coup, on est lancés dans une aventure, comme ça, entre terre et ciel qui vous transporte dans des lieux magiques, dans des lieux inexplorés. [...] Il y a toujours chez Miro cette relation étonnante entre la terre et le ciel, quelque chose de concret et quelque chose qui nous dépasse par l'espace qui est créé. Miro retrouve et assemble des formes qui curieusement vivent très bien entre les deux, elles semblent issues l'une de l'autre. Jean-Louis Prat
Il y a le combat incessant chez Miro pour la liberté. Et ce combat passe par le fait, non pas de surprendre les autres mais de se surprendre lui-même et de s'inventer quelque chose qui soit cohérent. Il ne veut pas être prisonnier d'un langage, et il ne veut pas re-faire. Et à partir de là, il invente et il refera sans arrêt ce parcours, toute sa vie. Jean-Louis Prat
- "Une vie, une oeuvre : Miro, dans le labyrinthe des rêves"
- Première diffusion : 17/06/2001
- Producteur : Pascale Lismonde
- Réalisation : François Caunac
- Indexation web : Odile Dereuddre, de la Documentation de Radio France