Benny Lévy: "J’étais un terroriste intellectuel..."
2002 | Premier épisode de la série "A voix nue" avec Benny Lévy en 2002. Le philosophe expose son parcours révolutionnaire maoïste : "J’entendais quelque chose qui résonnait très très fort en moi. Cette manière de casser la culture environnante pour faire apparaître le plus profond de l'homme".
Dans ce premier entretien, diffusé en 2002, de la série "A voix nue", Benny Lévy, exilé en France, se dit "fondamentalement apatride", même s’il souhaitait l’intégration. Benny Lévy, qui déclare en 2002 : "J'étais un terroriste intellectuel. Ma chance est que ce terrorisme est resté intellectuels", raconte combien il était la proie de désirs contradictoires. Elève brillant de l’Ecole Normale Supérieure, il désire en finir avec une culture jugée oppressive. Il est hypnotisé par la radicalité, mais déclare son attirance pour la tradition de la langue française. Sa rage intérieure croise finalement des admirations fécondes pour les philosophes Emmanuel Levinas ou Jean-Paul Sartre, qui le mèneront à mesurer les impasses des idées révolutionnaires.
Il y avait quelque chose de vrai dans l’immense violence que je portais en moi, et qui m’a amené à ces formes radicales d‘action que j’ai eues. C’est simplement que m’était insupportable toute idée d’intégration à ce contexte où je me trouvais. En même temps je le désirais ardemment, puissamment, j’ai tout fait pour l’intégration […] L’éblouissement a eu lieu pour moi, il a un nom, Sartre. La langue française pour moi, c’était Sartre. Quand je parle de langue, je parle de la seule chose qui soit importante dans une nation, c’est la raison pour laquelle aujourd’hui on se fiche complètement de la langue française. Parce que sans doute cette nation elle-même est en train de perdre sa conscience d’elle-même.
- "A voix nue" Benny Lévy 1/5
- 1ère diffusion : 17/06/2002
- Production : Alain Finkielkraut
- Réalisation : Dominique Briffaut
- Indexation web : Catherine de la Clergerie, Documentation de Radio France