__ > dossier : Musée Cocteau | Cocteau à travers l'objectif | Le Bastion de Cocteau | La salle des mariages

Inhabituel, la Côté d'Azur dans la grisaille. Mais peu importe : aujourd'hui, 6 novembre, la commune de Menton invite le public à découvrir son nouveau musée Jean Cocteau. Le poète et artiste était très attaché à cette région. Il y a généreusement laissé sa patte (et sa pâte) : dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville, entièrement décorée de ses lithographies, mais aussi dans un petit fortin abandonné, "le Bastion". A cette heure, si un musée voit le jour, c'est pour abriter une collection de quelque 1800 œuvres offertes à la ville par le collectionneur Séverin Wunderman, disparu en 2008. A travers des photos et des diaporamas, découvrez une large partie de cette collection commentée par Célia Bernasconi, conservateur du musée. Mais avant, rencontre avec le maire de Menton, et l'architecte Rudy Ricciotti à l'origine des plans du bâtiment...
Cocteau et Menton

Jean-Claude Guibal est maire de Menton depuis 1989.
Il revient sur l'histoire de Jean Cocteau en Côte d'Azur, et plus particulièrement sur la relation affective qui liait l'artiste, élu d'honneur de la ville de Menton en 1958, à cette dernière :
Séverin Wunderman, collectionneur
Le député-maire a bien connu le donateur, Séverin Wunderman :"[Il] cherchait un lieu pour accueillir sa collection et c'est tout naturellement qu'il se tourna vers Menton, la ville où Cocteau se sentait tout simplement bien, en harmonie avec l'esprit du lieu." Et si Jean-Claude Guibal avoue volontiers son ignorance sur les raisons qui ont poussé Séverin Wunderman à amasser des œuvres de Cocteau, il connaît l'histoire au long cours de cette collection. Il en raconte les prémices :
L'architecture

En juin 2008, Rudy Ricciotti remporte le concours de maîtrise d'œuvre lancé en 2007.
Haut en couleurs, en révolte contre "la doxa du mouvement moderne" , il se décrit comme étant "fondalementalement un traître, et fondamentalement un manièriste" . Il se confie sur son rapport à la matière dans ce projet, et en relate le déroulement :


Entrons maintenant. Une inscription, en bas de la lourde porte nous y invite, précisant qu'il est inutile de frapper...
Visite de l'exposition avec Célia Bernasconi, conservateur du musée
Du dehors, le musée étonne par son aspect ramassé. Sa brique claire, ses angles précis et sa proximité avec la mer (le bâtiment a presque les pieds dans l'eau), pourrait presque faire penser à un iceberg. Lorsqu'on y pénétre, l'éclairage, très jaune, très crû, frappe la rétine (la fatiguant un peu). Les vitres latérales, teintées, assombrissent singulièrement la vue qu'on a sur l'extérieur. Finalement, légère sensation de froideur, là-aussi…

L'exposition présente 250 œuvres de la collection Severin Wunderman.
Elle s'articule en sept séquences qui dévident le fil chronologie de la vie de Cocteau (né en 1889 et mort en 1963).
Célia Bernasconi , conservateur du musée, nous guide tout en finesse à travers ce parcours dans l'œuvre protéiforme de Jean Cocteau.
Aperçu visuel et sonore de cinq des sept sections...
Section 1 : Le théâtre de la chambre
Rudy Ricciotti le rappelle plus haut, bien des enfants ont été éblouis par l'adaptation cinématographique de La Belle et la Bête , de Jean Cocteau. Et lui, l'artiste-poète,... quelles sont les figures qui ont fasciné son enfance, modelant, modulant d'ores-et-déjà sa sensibilité ? La première partie de l'exposition s'attache à répondre à cette question.
Section 3 : Parades
Après une deuxième séquence intitulée "L'Imposteur " et consacrée aux années de la Première Guerre mondiale, l'exposition continue en abordant une période de la vie de Cocteau extrêmement créative : celui-ci se lance, avec Diaghilev et Satie, dans une véritable aventure chorégraphique et musicale. Nous sommes en 1916...

Section 4 : Jean l'Oiseleur
Des quatre années fastes qui découlent de la rencontre amoureuse de Cocteau avec Raymond Radiguet, en 1919, s'ensuit une période extrêmement torturée liée à la mort du jeune écrivain :

Section 5 : Le sang du poète
Dans le cinquième temps de la visite, Jean Cocteau continue à s'abîmer, abîmer sa plume et ses crayons dans le désespoir. De cette période sombre naît son œuvre la plus célèbre : Les Enfants Terribles . Mais pas seulement :
Section 7 : Testaments
Enfin, au sous-sol, après une sixième séquence, "Mystères ", dédiée aux œuvres du lendemain de la Seconde Guerre mondiale (dont les très fameuses productions cinématographiques La Belle et la Bête et Orphée ) le dernier temps de l'exposition fait la part belle au travail méditerranéen de l'artiste. Un peu de pigments colorés pour ponctuer un parcours émaillé d'œuvres visuelles au tracé vigoureux, certes, mais souvent pâlichon.
Cette partie de l'exposition comporte également nombre de photographies offertes au musée par Lucien Clergue, qui fit la rencontre de Jean Cocteau en 1956 et photographia le tournage du dernier long-métrage de l'artiste en 1959 :
En sortant sur le parvis, le visiteur retrouve le grand lézard en mosaïque qui semble se faufiler dans l'une des failles du bâtiment. Animal affectionné par Cocteau, il symbolise la "belle paresse méditerranéenne", bien sûr. Mais comment ne pas y voir aussi, surtout après avoir cheminé dans l'exposition, une allégorie du processus de mue qui, toute sa vie durant, régit le travail de cet homme au talent multiforme ?
La visite continue au Bastion et à la salle des mariages de l'Hôtel de Ville...
> Retrouvez également les émissions de France Culture consacrées à Cocteau et à ce nouveau musée : - Le Carnet nomade du 5 novembre - Une vie, une œuvre, du 5 novembre - Secret professionnel, du 10 décembre - Mauvais genre, du 17 décembre