La décision de l'exécutif de maintenir, dans son projet de révision constitutionnelle, la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France et condamnés pour terrorisme cristallise la colère d'une partie de la gauche française, qui semble plus que jamais sur le point d'imploser. Le débat de trop ?
A l'heure où il est de bon ton de tirer toutes sortes de bilans de l'année écoulée, force est de constater que 2015 aura été une sale année pour la gauche française. Plus que jamais divisée en interne, raillée autant que critiquée lors des régionales, en première ligne sur la gestion des attentats de janvier et du 13 novembre, elle se déchire une nouvelle fois, en cette veille de Noël, sur le maintien de la déchéance de nationalité dans le projet de réforme constitutionnelle du gouvernement.
Et ses détracteurs, nombreux, ne se privent pas de commenter cette annonce : une "borne infranchissable" pour l'ex ministre Cécile Duflot, une "remise en cause du droit du sol" selon Martine Aubry, une "faute morale" d'après le député européen Guillaume Balas ; une mesure, encore,qualifiée de "cadeau de Noël pour le FN " par le frondeur Pouria Amirshahi. Même son de cloche du côté de son camarade Pascal Cherki, qui insiste sur le fait que la gauche doit rester "fidèle " à ses convictions :
Une division sur le fond et sur la forme
Si la dénonciation de cette décision s'attache principalement à commenter le fond et interroge, notamment, la conception la citoyenneté que dessine en creux l'exécutif, en sourdine, les scuds pleuvent sur la méthode.Et plus particulièrement sur la "volte-face " du chef de l'Etat, qui a préféré prendre la droite à revers, au risque de braquer définitivement sa majorité, à un an et demi de la présidentielle.
François Hollande a en effet privilégié le respect de la parole donnée pour couper l'herbe sous le pied de la droite, qui n'attendait que son recul sur l'inscription, dans le projet de réforme de la Constitution, de cette mesure très polémique. Même Henri Guaino, député Les Républicains, le reconnaît : "Il aurait été absolument désastreux qu'après un engagement aussi solennel [devant le Congrès, ndlr], qu'on en pense ce que l'on veut sur le fond, le Président revienne sur sa parole ."
Quitte à se servir de sa garde des Sceaux comme paratonnerre : après avoir annoncé depuis Alger, mardi, que le gouvernement renoncerait au maintien de cette mesure dans le projet de réforme constitutionnelle, Christiane Taubira a dû essuyer l'humiliation d'un démenti cinglant de l'exécutif sur "la parole publique" , qui "tient plus que jamais" , assorti du commentaire de son Premier ministre : "chacun a droit à ses doutes, ses questionnements, ses interrogations, ses analyses" .
Le commentaire de Benoit Bouscarel, ce jeudi 24 décembre, au lendemain de l'annonce du maintien de la déchéance de nationalité pour les binationaux nés en France dans le projet de révision constitutionnelle :
Ambiance : la famille socialiste débutera donc l'année 2016 en miettes, l'année où, comme le commente un proche de François Hollande, "c'est la droite qui devait l'être" .
