La crise syrienne déborde les frontières du pays, vers le Liban. Dans la journée de mercredi, des dizaines de ressortissants syriens ont été enlevés au Liban , notamment à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa, dans le nord du pays.
La crise syrienne déborde les frontières du pays, vers le Liban. Dans la journée de mercredi, des dizaines de ressortissants syriens ont été enlevés au Liban , notamment à Beyrouth et dans la plaine de la Bekaa, dans le nord du pays. Des magasins ont également été vandalisés. Ces actions ont été revandiquées par des groupes chiites armés, qui demandent la libération de proches enlevés en Syrie par les insurgés. Hatem al-Mouqdad, porte-parole d'un clan chiite, a déclaré à l'AFP :
Nous avons enlevé 33 Syriens, dont un capitaine de l'Armée syrienne libre (ASL) qui était soigné dans un hôpital, ainsi qu'un Turc, pour obtenir la libération de notre parent Hassan, 40 ans, enlevé avant-hier [lundi] en Syrie. Demain, il y en aura peut-être 50, car c'est le seul moyen de préserver la vie de Hassan, et ceux qui ont ordonné ce rapt le paieront cher
Le Liban est sujet à des divisions autour du conflit en Syrie : le pays est partagé entre une population chiite, plutôt favorable au régime alaouite de Bachar al-Assad, et les sunnites, dont le soutien va plutôt aux insurgés. A Beyrouth, le point sur la situation avec Perrine Mouterde :
L'ONU accuse le régime de "crimes contre l'humanité" Le pouvoir syrien responsable de *"crimes contre l'humanité" : * d'après un rapport de la commission d'enquête de l'ONU, rendu public aujourd'hui, les forces gouvernementales, et leur milice des Chabbiha, ont commis des crimes contre l'humanité depuis le début du conflit, en mars 2011 (voir infographie en bas de page).Le rapport n'épargne pas les insurgés : les forces rebelles sont elles aussi montrées du doigt, mais dans une moindre mesure : elles sont accusées de crimes de guerre .
Par ailleurs le Conseil de sécurité de l'ONU devrait être appelé à prononcer son soutien au diplomate algérien Lakhdar Brahimi , pressenti pour remplacer Kofi Annan au poste de médiateur en Syrie pour les Nations-Unies et la Ligue arabe. "M. Brahimi veut que le conseil approuve sa nomination" , affirme un diplomate. Le Conseil de sécurité est particulièrement divisé sur la question syrienne : la Chine et la Russie maintiennent toujours leur veto à des sanctions internationales contre la Syrie.
Le sommet de l'OCI vote la suspension de la Syrie Le sommet de la Mecque (Arabie Saoudite) de l'Organisation de coopération islamique s'est refermé mercredi sur le vote de la suspension de la Syrie , membre de l'organisation. Lors de la réunion ministérielle préparatoire de lundi, les ministres participants avaient adopté à la majorité absolue un projet de résolution. La Syrie, quant à elle, n'a pas envoyé de représentant à ce sommet.
Le pays n'a donc plus le droit de siéger au sein de l'OCI, de la même manière qu'elle a été suspendue en novembre 2011 par la Ligue Arabe. C'est un pas de plus vers l'isolement diplomatique du pays. Les enjeux de cette réunion étaient importants, comme l'explique Claude Guibal :
Ce sommet était organisé dans le premier lieu saint de l'islam à l'initiative du roi Abdallah d'Arabie Saoudite, qui cherche à mobiliser le monde musulman en faveur de l'opposition syrienne. Le prince Abdel Aziz Ben Abdallah Ben Abdel Aziz, vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, a appelé les 57 pays membres de l'organisation *à "dénoncer l'extrêmisme, le fanatisme et la violence" * et à "opter pour la modération" . Les explications de Clarence Rodriguez :
Toutefois, l'organisation s'est prononcée en défaveur d'une intervention militaire de la communauté internationale : le secrétaire général de l'OCI, le turc EkmeleddinIhsanoglu n'a pas "perçu de soutien à une intervention militaire extérieure" pendant les deux jours du sommet. Il explique la décision de suspendre la Syrie comme "unmessage adressé à la communauté internationale montrant que la communauté islamique soutient une solution politique pacifique et qu'elle ne veut pas que se poursuive le bain de sang" .
En ouverture du sommet, mardi, le roi saoudien Abdallah a proposé la création d'un *"centre de dialogue entre les confessions islamiques" , * c'est-à-dire entre sunnites et chiites. Une main tendue de l'Arabie Saoudite, chef de file des pays sunnites, en direction de l'Iran chiite de Mahmoud Ahmadinejad. Le centre devra, selon le roi Abdallah, *"parvenir à la cohésion" * des Musulmans, explique Clarence Rodriguez :
Plus tôt dans la journée, une explosion a eu lieu dans le centre-ville de Damas ce mercredi matin, sur un parking de l'état-major de l'armée syrienne, alors qu'une réunion entre officiers de l'armée et miliciens était prévue dans les bureaux de l'état-major, selon le commandant Maher al-Nouaïmi, de l'Armée syrienne libre (ASL). Les rebelles de l'ASL ont revendiqué l'attentat.
L'explosion de la bombe, à l'arrière d'un camion-citerne, a fait cinq blessés parmi les militaires . L'explosion a eu lieu à quelques mètres seulement de l'hôtel Dama Rose, où sont logés les observateurs de l'ONU. "Nous remercions Dieu qu'aucun d'entre eux n'ait subi le moindre préjudice tout au long de leur présence en Syrie" , a assuré le vice-ministre des Affaires étrangères, Fayçal Moqdad.
****Poursuite des affrontements à Alep **** Dans la deuxième ville de Syrie, les accrochages entre l'armée régulière de Bachar al-Assad et les insurgés continuent. Après avoir repris le quartier de Salaheddine, l'armée a repris un autre quartier, celui de Seif al-Dawla, dans l'ouest de la ville. Une cinquantaine de personnes ont été tuées à Alep, mardi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). A un kilomètre de la ligne de front d'Alep, l'envoyé spécial de Radio France Etienne Monin a suivi des combattants insurgés :
Etienne Monin s'est également rendu dans un hôpital de fortune d'Alep, où les soignants sont souvent pris pour cible. Il a pu constater la situation difficile :
Mercredi, c'est la ville d'Azaz, située entre Alep et la frontière turque, qui a été la cible de bombardements de l'armée syrienne : une quarantaine de personnes ont été tuées, et quelque 200 autres ont été blessées. Un bombardement qui intervient alors qu'à Alep, les rebelles appellent la communauté internationale à l'aide, pour pouvoir lutter contre les raids aériens, rapporte Etienne Monin, envoyé spécial pour Radio France :
D'après l'ancien premier ministre qui a fait défection, Riad Hijab, réfugié en Jordanie, *"Assad ne contrôle plus que 30% du territoire de la Syrie. Je vous assure, du fait de mon expérience et du poste que j'ai occupé, que le régime s'est fissuré". *
Un reportage, en photos et en vidéos, de notre journaliste Omar Ouahmane sur la route qui relie la ville d'Alep et la frontière turque.
Le dossier spécial de la rédaction multimédia, consacré à la crise Syrienne. Reportages, analyses et émissions de France Culture consacrées à la révolte qui a débuté en mars 2011.