CARTE | Plus de 4 millions de personnes se sont déplacées ce dimanche pour désigner le représentant de la droite et du centre à l'élection présidentielle. Après déjà un plébiscite au 1er tour, le résultat est sans appel en faveur de François Fillon. Voici où et comment il a construit sa victoire.

Le résultat de la primaire de la droite et du centre est sans appel. Un raz de marée électoral passé sous les radars des sondages qui propulse François Fillon à 66,5% des suffrages contre 33,5% pour son rival Alain Juppé.
L'ancien Premier ministre arrive en tête dans tous les départements de la métropole, excepté en Gironde et en Corrèze, terres d'Alain Juppé. Et sur l'ensemble du territoire, François Fillon remporte également la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion. Seul manque la Guyane au tableau. Sans bastion à proprement parler, hormis la Sarthe, la carte du vote en faveur de François Fillon n'est pas aisée à lire, comme l'explique Jacques Lévy, géographe, professeur à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, directeur du laboratoire CHÔROS :
Dans le cas de François Fillon, on n'a pas une carte très claire. On constate qu'il a fait un gros score partout. Mais là où il est le plus fort, c'est dans les régions catholiques et dans les quartiers bourgeois des grandes villes. Néanmoins, si l'on regarde les voix qu'il a obtenues, c'est à peu près 10% de ce dont il aura besoin pour gagner. Il doit encore conquérir 9 électeurs sur 10 pour gagner. Ce n'est certainement pas avec les quartiers bourgeois parisiens et avec la France catholique, très militante mais très minoritaire, qu'il peut espérer obtenir une majorité.
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Cependant, trois grandes tendances électorales sont à noter dans le vote en faveur de l'ex-Premier ministre selon le politologue Patrick Lafarge. Selon cet expert de la carte électorale, le vote agricole, en raison des tensions avec la Russie, lui a été favorable. Et l'électorat catholique a confirmé sa proximité idéologique. Mais surtout, il est le symbole du rassemblement au sein de la droite.
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L'Ouest et le Nord-Est, bastions du catholicisme en France
Traditionnellement acquis à la droite, l'électorat catholique s'est vu fortement sollicité lors de cette primaire inédite de la droite et du centre. Les deux candidats finalistes, Alain Juppé et François Fillon, ont revendiqué leur proximité papale respective. Néanmoins, François Fillon, plus traditionnel dans les valeurs, a davantage axé sa campagne sur cette pratique religieuse et sa défense afin de capter cet électorat historique de la droite. Une stratégie qui a payé au premier tour où le candidat est arrivé en tête dans les bastions catholiques. Par exemple en Mayenne, en Vendée et en Maine-et-Loire. Au niveau national, les catholiques auraient voté a plus de 51% pour François Fillon :
Un vote expliqué par la cartographie de l'implantation historique des catholiques de France.

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L'Ouest, terre agricole
Le monde paysan a lui aussi pesé dans la balance lors de cette primaire, après avoir connu l'effondrement des cours des produits laitiers et du porc ces dernières années. Sans compter les sanctions économiques de l'Europe contre la Russie et l'embargo du géant russe contre les produits laitiers et sur les viandes qui a diminué les débouchés d'exportations. Ce manque à gagner pour les agriculteurs expliquerait que certains d'entre eux aient voté pour celui qui est ouvertement favorable à un rapprochement avec la Russie.

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Fillon sur la dynamique sarkozyste de 2007 ?
A l'image de Nicolas Sarkozy en 2007, François Fillon suscite un engouement national et pas seulement dans une région ou auprès d'un électorat bien particulier. Comme le candidat Sarkozy de l'époque, François Fillon se veut en rupture des précédents gouvernements, dont il faisait parti, pour incarner le changement. Après la rupture de Nicolas Sarkozy avec Jacques Chirac en 2007, François Fillon officialise celle avec Nicolas Sarkozy.

Prochaine étape : capter l'électorat du FN pour l'élection présidentielle
Ils avaient fait l’élection de Nicolas Sarkozy en 2007, et ont précipité sa défaite cinq ans plus tard : les électeurs de droite du sud de la France partis vers le Front national sont une des réserves de voix à reconquérir pour François Fillon. Un autre électorat est également dans la cible du vainqueur de la primaire de la droite : celui de la région Hauts-de-France, plus populaire, meurtri par les crises économiques et séduit depuis plus longtemps par un parti qui se "dédiabolise".

Mis à jour avec Christine Moncla