Pour la première fois dans l'histoire de la Ve République, un président en exercice a annoncé ne pas vouloir se représenter. Comment analyser la décision de François Hollande qui en a profité ce jeudi soir pour livrer son bilan ? Comment a réagi la classe politique ?

"Le pouvoir, l’exercice du pouvoir, les lieux du pouvoir et les rites du pouvoir, ne m’ont jamais fait perdre ma lucidité. Ni sur moi-même, ni sur la situation. Car je dois agir. Aujourd’hui, je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. Aussi, j’ai décidé de ne pas être candidat au renouvellement de mon mandat." C'est en ces termes, d'une voix blanche, parfois visiblement ému et sur fond neutre, que François Hollande a conclu par surprise près de dix minutes d'une allocution en direct essentiellement consacrée à sa vision de son bilan. Bilan qu'il vante à la première personne, avec des aveux, comme sur le chômage, qui "diminue, mais il reste à un niveau trop élevé". Et un seul regret : "d’avoir proposé la déchéance de nationalité, parce que j’ai pensé qu’elle pouvait nous unir alors qu’elle nous a divisés".
A écouter : La dernière séquence de la présidentialisation de François Hollande
Première analyse de cette intervention d'un ton grave du président le plus impopulaire de la Ve République par Ludovic Piedtenu. Le chef du service politique de France Culture explique comment presque jusqu'au bout l'on a pu croire que François Hollande aurait pu annoncer se représenter. Avec "une forme de grandeur, de dignité de déjouer tous ceux qui n'imaginaient pas un seul instant un chef de l'Etat français en exercice, le monarque républicain, ne pas choisir de briguer un second mandat." :
Autre analyse ce vendredi matin, celle de Stéphane Robert, qui évoque l'avenir désormais pour Manuel Valls, "l'héritier légitime", mais aussi pour Emmanuel Macron :
En mai dernier, lors d'un entretien sur notre antenne avec Emmanuel Laurentin, François Hollande avait notamment affirmé "Je fais l'Histoire"
"Nous faisons l'histoire, nous ne la racontons pas. Je fais l'histoire. Le Français fait sa propre histoire." @fhollande#directPR
— France Culture (@franceculture) May 24, 2016
A écouter : François Hollande, la tentation de l'Histoire

Journaliste écrivain et spécialiste de la vie politique française, Denis Jeambar se dit surpris, comme beaucoup, par cette annonce. "C'est une surprise pour moi parce que je pense que le chef de l'Etat a travaillé depuis des mois à créer les conditions de sa réelection. On le sentait d'ailleurs dans le fameux livre qui a accéléré ses difficultés, "Un président ne devrait pas dire ça". Je ne fais pas partie de ceux qui imaginent qu'il a mûri cette réflexion depuis des mois." :
