La Centrafrique a voté avec ferveur et dans le calme hier, pour une double élection censée favoriser la réconciliation nationale après trois ans de violences intercommunautaires. Mais si aucun incident sérieux n'est venu entacher le déroulement du scrutin, des accusations de fraude commencent déjà à poindre. Reportage en images d'Antoine Giniaux et Gilles Gallinaro.

Le vote s'est passé dans le calme : une victoire importante dans ce pays déchiré par trois ans de violences intercommunautaires entre les anti Balaka chrétiens et les Séléka musulmans. Le chef militaire de la Minusca, la mission des Nations Unies en RCA, le général sénégalais Balla Keita, l'a reconnu lui-même : "honnêtement, on a fait un miracle dans un pays en guerre" .
Mettre son bulletin dans l'urne, un vrai symbole pour les quelque 20.000 déplacés rassemblés dans le camp de M'Poko. Ici, entre les toiles de tentes déchirées, on attend beaucoup du retour à la paix et même les Centrafricains ont conscience du risque de fraude qui pèse sur cette double élection présidentielle et législative, cela ne les empêche pas de garder espoir pour l'avenir de leur pays.

Dans ce pays de 4,8 millions d'habitants, essentiellement rural, les Centrafricains se sont donc massivement inscrits pour ces élections, reportées plusieurs fois en raison de l'insécurité persistante dans certaines zones. Et si aucun incident sérieux n'est venu parasiter le déroulement de la journée, l'Autorité nationale des élections a tout de même relevé "des erreurs matérielles sur des bulletins de vote" , à Bangui comme en province.
Dans certaines localités, les bulletins de vote pour les élections législatives ne sont pas parvenus, ce qui devrait entraîner un certain nombre d'élections partielles.
Trente candidats sont en lice pour la présidentielle centrafricaine, dont trois anciens ministres, qui partent favoris : Anicet Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et Abdoul Karim Méckassoua. Tous trois ont, dans leurs discours respectifs, minimisé les dysfonctionnements pour ne retenir que la mobilisation massive des électeurs.
Des électeurs qui vont désormais devoir faire preuve de patience, les résultats de ce premier tour n'étant pas attendus avant au moins une semaine, et la Cour constitutionnelle ayant quinze jours pour proclamer les résultats définitifs. Avant d'engager la voie du second tour, qui pourrait se dérouler, selon toute probabilité, autour du 31 janvier.
A écouter aussi : > La revue de presse internationale de Thomas Cluzel de ce mercredi 30 décembre consacrée à ce double scrutin en Centrafrique
Les Matins d'Hervé Gardette de ce mardi 29 décembre, dont la deuxième partie s'intitule : La Centrafrique, une et indivisible ?
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