Robert Mugabe est décédé à 95 ans. Il a dirigé le Zimbabwe pendant 37 ans avant d'être poussé à la démission en 2017. Père fondateur du pays pour les uns. Despote pour les autres. Jusqu'à en faire une caricature de ce népotisme souvent associé au continent africain.
Le Président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa l'annonce sur Twitter, préférant saluer "une icône de la libération" en 1980 : Robert Mugabe est mort, à l'âge de 95 ans. Celui qui a régné sans partage pendant 37 ans sur ce pays enclavé entre la Zambie, le Mozambique, le Botswana et l'Afrique du Sud, et grand comme les 2/3 de la France, avait été évincé du pouvoir en novembre 2017. Depuis, le "Vieux Lion" vivait reclu dans son immense propriété de Harare.
Cde Mugabe was an icon of liberation, a pan-Africanist who dedicated his life to the emancipation and empowerment of his people. His contribution to the history of our nation and continent will never be forgotten. May his soul rest in eternal peace (2/2)
— President of Zimbabwe (@edmnangagwa) September 6, 2019
Un ancien héros de l'indépendance devenu despote
Robert Mugabe n'a pas toujours été un dictateur. Après des études d'économie en Afrique du Sud et au Ghana, il rentre en 1960 en Rhodésie du Sud, l'ancien nom du Zimbabwe, pour fonder un parti politique. Le "camarade Bob" est l'un des meneurs de la guerre de Libération contre le régime raciste de Ian Smith. Ce dernier lui fera payer cher son engagement : Mugabe passera onze ans en prison.
En 1980, à l'indépendance de son pays, Robert Mugabe devient naturellement Premier ministre, puis, sept ans plus tard, Président. Il instaure la gratuité de l'école et met en place un système de Sécurité sociale. Le Zimbabwe est alors cité en exemple, Mugabe sera même anobli par Elizabeth II.
Dans les années 2000, Robert Mugabe lance un programme d'accaparement des terres des fermiers blancs. La violence se déchaîne, les campagnes se paupérisent. L'économie du pays, grenier à céréales de l'Afrique australe, ne s'en remettra pas.
Sourd aux critiques, Mugabe s'accroche au pouvoir. Il est réélu systématiquement jusqu'en 2017, où lâché par l'armée, il démissionne. Non sans avoir essayé de placer sa femme Grace, de quarante ans sa cadette.
Son départ, après 37 ans de règne, avait suscité des scènes de liesse dans un pays qu'il a largement contribué à ruiner.