L'Education est un droit fondamental en France et pourtant des milliers d'enfants n'en bénéficient pas. Ce sont les petits Roms que l'on voit parfois mendier au bord des routes. Selon les associations, ils seraient entre 5000 et 7000 à échapper ainsi aux bancs de l'école.
Pourtant, lorsque la volonté politique existe et se combine avec un soutien sans faille de l'Education Nationale et des partenaires associatifs, le chemin vers la scolarisation ordinaire est possible. Même si la route est longue et semée d'embûches. Depuis 3 ans, la Ville de Lille a ainsi mis en place un protocole original pour convaincre les familles et faciliter l'accès des enfants Roms aux établissements scolaires de la métropole. Aujourd'hui, en 2011 - ce dispositif parvient à inclure au moins 80 élèves dans le système éducatif, même s'il manque une quinzaine de places en primaire et une vingtaine en collège.
Nous vous proposons ici des bonus qui n'ont pas été diffusés dans le magazine de la rédaction de Tara Schlegel consacré à ce sujet .
Campement sauvage, Lille. •
Crédits : t.s.
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Radio France Campement sauvage, Lille. t.s.©Radio France
1. Parole aux enseignants, qui ont inventé mille et une astuces pour éveiller ces enfants non francophones à la langue de Molière. Vous entendrez aussi les petits chanter ou raconter leur vie quotidienne.
2. Nous irons ensuite, en compagnie de associations, sur les terrains où vivent les familles - des bidonvilles et caravanes indignes aux villages d'insertion. Cette dernière expérience, qui a débuté en 2008, est couronnée de succès mais reste bien ponctuelle.
3. Puis nous entendrons les acteurs institutionnels : Mairie et Education Nationale, qui ont eu la volonté de mettre en place ce protocole original. Mais nous verrons aussi que le pari de l'insertion - en termes de logements et de travail - est loin d'être gagné.
Et pour en savoir plus, reportez vous aux [Crap - cahiers pédagogiques](http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article7396), qui sortent un numéro spécial sur la scolarisation des enfants Roms.
**QUAND LES ENFANTS ROMS TROUVENT LE CHEMIN DE L'ECOLE** - une série de bonus en plus du reportage de Tara Schlegel
**1 - Les enseignants passeurs de culture **
A L' ECOLE BOUFFLERS, autour de**[Marie-Christine Blayac](http://www2.cndp.fr/revueVEI/164/164_retoursur.pdf "Article dans Diversité n° 159")** - les enfants Roms racontent leur vie. **Larissa, Mona-Lisa, Roberta, Louis-David, Gabriele, Helena ** et leurs petits camarades s'amusent même des drames quotidiens :

Enseignante spécialisée, **Marie-Christine Blayac** s'occupe depuis 4 ans d'une CLIN - une classe d'initiation :

Si l'école est une demande spontannée des familles, il existe bien des obstacles à une scolarisation ordinaire -** Marie-Christine Blayac** :

Ce matin là, les enfants participent à l'atelier photo animé par **[Virginie Laurent](http://www.virginielaurent.net/index.php?/la-caravane/photos/ "virginie laurent").** Ils ont inventé l'histoire d'Alexandra - un personnage exilé qui a abandonné sa valise dans un café. Ce travail - sponsorisé par la Ville de Lille sera exposé à la Mairie dès le 24 juin prochain :

A L'ECOLE LA PAIX de Mons-en-Baroeul
Loredana à l'école La Paix. •
Crédits : t.s.
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Radio France Loredana à l'école La Paix. t.s.©Radio France
**Oivier Pagani** initie les enfants Roms à la langue française - à travers la conception d'un site informatique - baptisé [de Mons au Monde](http://demonsaumonde.free.fr/entretiens.2010-2011/ "site classe pagani") - assez magique, où il recueille voix et dessins depuis plusieurs années :

dessin d'Anna-Maria dessin d'Anna-Maria ©de Mons en Monde
dessins d'enfants de la CLIN de Mons. dessins d'enfants de la CLIN de Mons. ©de Mons au Monde
[**Olivier Pagani** ](http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article6066), enseignant en CLIN - classe d'initiation revient sur le désir de scolarité des enfants Roms, mais regrette aussi les absences des élèves et sur le racisme ambiant et prône une pédagogie active - ici, grâce au dessin animé Alinea :

Olivier dans sa classe •
Crédits : t.s.
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Radio France Olivier dans sa classe t.s.©Radio France
Denisa a 9 ans, jusqu'à l'année dernière elle fréquentait l'école La Paix dans la CLIN d'Olivier Pagani. Avec sa maman, **Denisa** raconte son départ de Roumanie, son arrivée en France et son entrée progressive dans le monde de l'école :

AU COLLEGE BORIS VIAN, **Julie Geneau ** pilote la CLA, la Classe d'accueil où une vingtaine d'adolescents Roms viennent - plusieurs heures par semaine, pour un soutien en français, maths - mais aussi pour parler de leur avenir. Cet après-midi de fin mai, l'école commence par un atelier photo - autour de **Marc Mounier-Kuhn. ** Ici, un élève montre la photo qu'il a prise dans sa caravane.
L'atelier photo collège Boris Vian. •
Crédits : t.s.
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Radio France L'atelier photo collège Boris Vian. t.s.©Radio France
Voici quelques extraits sonores de l'atelier, suivi de l'interview de **Julie Geneau** :

**Julie Geneau ** se réjouit de voir ses élèves se mêler aux autres :

LES CAMIONS ECOLE :
camions école de l'Asset •
Crédits : t.s.
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Radio France camions école de l'Asset t.s.©Radio France
Pour les enfants qui n'ont pas osé sauter le pas d'une scolarisation ordinaire - les Camions Ecole de de** l'association ASSET** se déplacent. A l'origine, en 1989, le dispositif était destiné aux enfants du voyage. Aujourd'hui, les petits Roms y sont associés. De janvier 2010 à mai 2011, les trois camions ont passé 2 jours par semaine sur le même terrain, à Villeneuve d'Ascq - une expérience qui a débouché sur l'inscription d'une vingtaine d'enfants dans les établissements de la ville.
**Pierre Boisseleau et Odile Canis** , deux enseignants du dispositif Camion-Ecole :

Pierre dans son camion •
Crédits : t.s.
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Radio France Pierre Boisseleau t.s.©Radio France
**Pierre et Odile** détaillent les méthodes pédagogiques qu'ils ont dû inventer :

**2 - L'envers de l'école : où vivent ces élèves presque comme les autres :**
Campement sauvage, Lille •
Crédits : T.S.
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Radio France Campement sauvage, Lille T.S.©Radio France
Il y aurait dans Lille Métropole (82 communes) environ 250 familles Roms – ce qui représenterait environ 1 200 personnes.
Ces migrants sont d'abord venus d'ex-Yougoslavie. Aujourd'hui, 80% d'entre eux sont originaires de Roumanie. Dans quelles conditions vivent-ils ?
Voici le regard des professionnels de l’association AREAS – qui accompagne ces populations depuis plusieurs années.
**Aurélie Bonte** est le lien indispensable entre les enfants et des équipes éducatives parfois inquiètes. Educatrice spécialisée, elle arpente les terrains sauvages où vivent ces écoliers presque comme les autres. Nous sommes Porte d'Arras, à moins de 2 km du Centre ville de Lille :
l'usine devant le camp porte d'Arras. •
Crédits : t.s.
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Radio France l'usine devant le camp porte d'Arras. t.s.©Radio France
Porte d'Arras, Lille. •
Crédits : t.s.
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Radio France Porte d'Arras, Lille. t.s.©Radio France
Aujourd'hui, Aurélie Bonte vient chercher Maria - dont la fillette Alexandra va faire son entrée en classe maternelle :

Maria dont la fille Alexandra vient d'entrer en maternelle. •
Crédits : t.s.
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Radio France Maria, dont la fille Alexandra vient d'entrer en maternelle. t.s.©Radio France
**Patrick Vigneau** – directeur de l’AREAS, l’Association régionale d'étude et d'action sociale auprès des gens du voyage et des Roms migrants, il travaille depuis vingt ans avec les Tsiganes :

Roumanie, été 2010 Roumanie, été 2010 ©Patrick Vigneau.
**François Wlaminck ** – éducateur spécialisé, depuis 2007. Il arpente tous les terrains de l’agglomération et recense les populations Roms et les aide ensuite à prendre conscience de leurs droits :

Pendant l'été 2010, les expulsions ont été très dures se souvient **Aurélie Bonte** , l'éducatrice de l'AREAS :

Annietta nous fait visiter le "village d'insertion" qui se trouve à Lille-Fives. Ici, les familles vivent dans des mobil homes mis à disposition par l'Etat, la Mairie organise le suivi social. Sa maman a obtenu ce logement en 2008 :

Annietta devant son mobil home, Lille-Fives. •
Crédits : t.s.
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Radio France Annietta devant son mobil home, Lille-Fives. t.s.©Radio France
**Hafida Andriamanalina-Daï ** est infirmière auprès des Roms migrants, au sein de l’AREAS. Elle aide notamment les familles à établir leur dossier d’Aide médicale d’Etat. L’AME est payante depuis le printemps 2011 – il faut acheter un timbre parafiscal de 30 euros, qui permet ensuite le remboursement d'un nombre important d’actes médicaux.
Et cet obstacle financier décourage beaucoup de familles, qui préfèrent ne pas se soigner :

L'infirmière de l'Areas se rend naturellement sur les terrains, y compris pour y aider les enfants scolarisés - **Hafida Andriamanalina-Daï ** :

Roumanie, été 2010 Roumanie, été 2010 ©Patrick Vigneau.
CONTRE EXEMPLE. Dans certains départements, les Roms trouvent moins de soutien. Dans le Pas-de-Calais, l’AREAS accompagnait depuis fin 2009 plusieurs communes – mais a vu sa mission s’interrompre : l’Etat a refusé de poursuivre le financement de l’association.
**Marie-Paule Logie** , assistante sociale et chef de service à l’AREAS, pilotait une petite équipe - deux éducateurs et une infirmière – qui s’occupait d’environ 300 personnes –sur Lens et les communes environnantes. Tout le dispositif a été stoppé net en mai 2010 – regrette Marie-Paule Logie :

Ecoutez le désarroi de **l’adjointe au Maire de Harnes** , chargée de la solidarité. Dans cette petite commune de gauche (environ 13.000 habitants) vit une communauté de 27 personnes Roms. **Annick Bos Witkowski** présente d'abord sa ville et comment elle a découvert le campement Rom en 2008 :

Aujourd'hui, depuis le départ des travailleurs sociaux de l'Areas, la ville n'a pas les moyens de poursuivre l'accompagnement social qui était en cours. La ville se retrouve démunie et incapable, notamment de scolariser les petits déplore **Annick Bos-Witkowski :**

Roumanie, été 2010 Roumanie, été 2010 ©Patrick Vigneau.
Synthèse de la situation dans le Pas-de-Calais avec **Patrick Vigneau, directeur de l'AREAS** :

**3- Quand la Mairie et l'Education nationale ouvrent le chemin vers l'école : **
Dans la ville de Martine Aubry, les élus ont souhaité en 2008 faciliter l'accès des familles Roms aux écoles et collèges. Un protocole original a vu le jour, en collaboration étroite avec l'Education Nationale et les associations. Le résultat est édifiant : près de 80 enfants Roms sont scolarisés - même si une quinzaine d'écoliers et une vingtaine de collégiens seraient encore en attente d'une place.
Le récit d'**Aurélie Bonte** - éducatrice spécialisée à l'AREAS - qui tisse un lien indispensable entre les familles des bidonvilles et les écoles en "dur" :

Aurélie dans une famille d'ex-Yougoslavie, Lille. •
Crédits : t;.s.
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Radio France Aurélie dans une famille d'ex-Yougoslavie, Lille. t;.s.©Radio France
A l'Hôtel de Ville, **Maurice Thoré** , conseiller municipal délégué aux Ecoles - et **Matthieu Tricottet** , responsable du Dispositif de réussite éducative détaillent le protocole ambitieux mis en place par la municipalité socialiste :

L'Inspection Académique cherche à répartir au mieux les enfants dans les établissements scolaires. Le CASNAV, Centre académique pour la scolarisation des nouveaux arrivants et des enfants du voyage organise notamment l'évaluation des futurs élèves. Son directeur** Georges Prpic ** :

L'insertion passe aussi par le logement. **Marie-Christine Staniec-Wavran** , **adjointe au Maire de Lille, et responsable de la lutte contre les exclusions** . Elle revient sur l'expérience des villages d'insertion - celui de Lille-Fives comporte 5 mobil homes seulement :
