[Pour écouter l'émission en ligne, cliquez ici. Invité: Didier Galop, palynologue, chercheur au CNRS, et directeur de l'OHM Pyrénées.]
La démarche OHM
Depuis 2005, l’Institut écologie et environnement (INEE) du CNRS a créé six Observatoires hommes-milieux (OHM), dont l'un est encore en préfiguration. Ils s’inscrivent dans une logique d’analyse interdisciplinaire des relations hommes-milieux, comme les Zones Ateliers (ZA) et les Observatoires de recherche en environnement (OBE).
Les OHM étudient des espaces géographiques de taille réduite où un évènement (anthropique ou à forte anthropicité) est venu modifier les structures socio-économiques. L’approche est profondément interdisciplinaire, mêlant sciences de l’environnement et sciences sociales.
Au nombre de six, ils se situent en Provence, dans les Pyrénées, en Guyane, au Portugal et au Sénégal. L'OHM de la vallée du Rhône est toujours en préfiguration.
Une démarche novatrice, différente en France et ailleurs
Et pourtant, aux Etats-Unis comme au Liban, la démarche n’est pas la même que pour les OHM de l’INEE : il n’y a pas d’évènements de mutation à l’origine de leur études, et l’espace observé est généralement plus grand, recouvrant plusieurs milieux.
Les six OHM existants, dont cinq opérationnels
Depuis 2005, l’INEE a créé six OHM, dont cinq sont opérationnels.
L’Observatoire de Gardanne du bassin minier de Provence est le premier créé (2007). Il étudie un espace périurbain et industriel méditerranéen. L'observatoire analyse la gestion de l’héritage minier après la fermeture de la mine du bassin charbonnier en 2003. Il étudie également la reconversion économique, l’urbanisation d'Ouest en Est, le maintien de l’agriculture et la préservation de l’environnement.
L’Observatoire Oyapock en Guyane (2008) se consacre à la problématique d'un milieu transfrontalier en domaine tropical forestier : il examine les conséquences de la construction d’un pont international par-dessus le fleuve Oyapock entre l’Etat fédéré de l’Amapá au Brésil et la Guyane française. L'impact se traduit notamment en termes de biodiversité, de pollution et de traitement des déchets et du lagunage.
L’OHM de la Vallée du Haut Vicdessos (2009) se préoccupe des questions de l’agropastoralisme, de l’arrêt industriel et minier, et du reboisement dans un espace montagnard. Une étude de cas lui est dédiée ci-dessous.
A Téssekéré Ferlo au Sénégal (2009), l’OHM travaille sur le site du projet panafricain de la Grande Muraille Verte, localisé en zone sahélienne. En partenariat avec ce projet, l'OHM étudie la reforestation dans un contexte de surpâturage important.
Les deux derniers OHM datent de 2010. Le premier a été établi sur le littoral lagunaire industrialisé d’Estarreja au Nord du Portugal. Il a démarré ses travaux sur l’impact des activités industrielles polluantes dans cette zone humide sensible. Les chercheurs travaillent en partenariat avec le Département des Géosciences de l’Université d’Aveiro. Les autorités administratives locales, les autorités sanitaires régionales et les associations locales (partenaires civiles et industriels) participent également au projet.
Le dernier OHM, créé en décembre et toujours en préfiguration, se consacre à la Vallée du Rhône, de la frontière suisse au delta. Il se préoccupera de l’aménagement de cette grande vallée fluviale.
L’espace montagnard favorise l’analyse interdisciplinaire des changements globaux et locaux ainsi que des temporalités de la nature et des sociétés. La vallée du Vicdessos est représentative du développement d’une large partie des Pyrénées et présente d’autres caractéristiques propres à la période contemporaine. Le choix de la vallée a également été influencé par le référentiel scientifique qui y a déjà été élaboré (en géologie et phyto-géographie notamment), et la proximité de pôles de recherche concernés par les travaux de l’OHM.