Semaine du 11 au 17 avril : Les Matins à La Rochelle puis à Athènes / Trois générations d'Arméniens en France
> ATHENES vendredi 17 avril
> 6h30-9h LES MATINS par Marc Voinchet et la rédaction
L’Europe en questions (3ème étape) : Grèce / Les 100 jours du nouveau gouvernement grec dirigé par Alexis Tsipras
En direct de l’Institut français d’Athènes . Reportages de Valérie Crova
Prochaines étapes : Londres (mardi 5 mai) et Bruxelles (vendredi 12 juin)
> 18h20 -19h LE MAGAZINE DE LA REDACTION
Grèce : les défaillances structurelles et historiques du système fiscal grec
Reportage à Athènes et dans l'île d'Egine par Marie Viennot
> ARMENIE, CENTENAIRE DU GENOCIDE Programmation spéciale autour de l'Arménie, avec notamment : mardi 14 avril
15h-15h30 TOUT UN MONDE par Marie Hélène Fraïssé
Arménie : un aussi long silence avec Pinar Selek , sociologue, auteure de Parce qu'ils sont arméniens (éd. Liana Lévi, février 2015).
du lundi 13 au jeudi 16 avril
9h05-10h LA FABRIQUE DE L’HISTOIRE par Emmanuel Laurentin
Avec notamment, mardi 14 avril , un documentaire : Zabel Essayan : vivre et écrire la Catastrophe , par Nathalie Lempereur et Chant Marjanian - réalisation : Séverine Cassar
"Le hasard a voulu que partout où je passais, le peuple arménien se trouvait au paroxysme de ses angoisses, de ses révoltes, de ses luttes…". C’est ainsi que Zabel Essayan pouvait qualifier son parcours. Romancière arménienne, femme libre et engagée, francophone, elle est née à Constantinople en 1878. Sa vie va coïncider avec une période au cours de laquelle l’existence même de son peuple est menacée lors des massacres hamidiens de 1895, les massacres d’Adana de 1909, le génocide de 1915 et les nouveaux massacres de Cilicie en 1921. Envoyée à Adana pour s’occuper des orphelins et des femmes rescapées en 1909, elle publie, en 1911, Dans les Ruines , un des témoignages les plus poignants sur les atrocités commises à l’égard des Arméniens d’Adana et de ses environs. Recherchée lors de la rafle du 24 avril 1915, elle y échappe de justesse, et parvient miraculeusement à fuir l’Empire ottoman. On la voit en Bulgarie, à Bakou, à Tiflis, en Egypte, à Erevan, en France et ailleurs, consciente de l’importance de faire connaître les atrocités commises envers son peuple. Elle consacre alors plusieurs années de sa vie à collecter et traduire des témoignages des survivants, à réunir des preuves, créer de futures sources ou à donner des conférences.
Quand les derniers espoirs de renaissance d’un foyer arménien dans les territoires historiques s’effondrent et que la France cède la Cilicie à la Turquie, elle rentre quelques années en France et, en 1933, elle choisit comme patrie l’Arménie soviétique. Arrêtée en tant qu’ennemie du peuple et espionne en 1937, elle disparaît dans les goulags staliniens en 1943. Zabel Essayan était au même moment recherchée par la police française.
Avec Anahide Ter Minassian , Lara Aharonian , Léon Ketcheyan , Raymond Kévorkian , Vahé Tachjian .
17h-17h55 SUR LES DOCKS
lundi 13 avril Une famille arménienne à Lyon - Duduk, faucille et marteau par Marie Chartron et François Teste
Le 6 septembre 1947, dans le port de Marseille, une foule accompagne le départ du Rossia dans un désordre de bagages et d’au revoir. Le navire emporte à son bord quelque 3 600 personnes en partance vers la République Socialiste Soviétique d’Arménie. Ce sont des rescapés du génocide et leurs familles, établis en France depuis les années 20 certains sont apatrides, d’autres naturalisés français, et au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ils partent reconstruire et repeupler un pays que bien souvent, ils n’auront de cesse de vouloir quitter. Pour ces "Akhpar", comme on les appelle, ces "frères", les conditions de vie en Arménie soviétique se révèlent souvent très dures, leur intégration douloureuse. Si certaines sont restées, nombre de ces familles sont revenues en France à partir des années 1960.
Sur les Docks se rend à Lyon, à Bron, à Décines traditionnellement terre d’accueil des Arméniens depuis les années 20, et rencontre de 3 générations marquées par le double exode de 47 : Margot Jordikian, qui a fait le voyage sur le Rossia quand elle avait 13 ans Patricia Sarikouyoumdjian, sa nièce, née en Arménie soviétique, et Haïg, le fils de Patricia, né à Lyon, aujourd’hui un joueur de Duduk renommé que sa quête musicale conduit souvent en Arménie.
Avec Margot Jordikian , Patricia Sarikouyoumdjian , Haïg Sarikouyoumdjian et Patricia Boudoyan
Ce reportage est également à lire dans France Culture Papiers n° 13, en kiosque et en librairie depuis le 5 mars 2015 mardi 14 avril A la recherche des Arméniens de l'ombre : Les restes de l’épée par Ilana Navaro et Manoushak Fashahi
La formule "les restes de l’épée" désignait les Arméniens qui avaient échappé à l’extermination de l’armée ottomane. Quelques milliers de survivants ont été enlevés, adoptés, islamisés, puis ont vécu le reste de leur vie sous une "nouvelle" identité. Hrant Dink faisait partie de ceux qui ont levé le tabou sur l’histoire de ces Arméniens islamisés après le génocide. Nombreux furent ceux qui prirent conscience du déni dans lequel ils avaient vécu. Depuis quelques années un phénomène nouveau fait son apparition, au-delà de la reconnaissance du génocide arménien : de plus en plus de Turcs découvrent qu’ils ont des origines arméniennes et se mettent à en parler.
On parle de 300 000 convertis et on ne sait à combien de millions évaluer les descendants... A Diyarbakir, dans la province kurde où la présence arménienne était très importante, l’église a été restaurée par la municipalité et dans son enceinte une cafétéria rassemble tous les week-ends des personnes se considérant comme arméniens, et désireux de se rencontrer. D’autres, qu’ils soient kurdes ou turcs, viennent aussi à la cafétéria pour les rencontrer. Dans ce lieu à l’atmosphère particulière se côtoient descendants de victimes ou de bourreaux, ou des deux....
Ils s’appellent Rahimé, rebaptisée Angel, Gafur rebaptisé Ohannes, Ahmet, Ilhami, Filiz, Hadi... Chacun a son histoire, le secret de famille qui s’y rattache pour se rapprocher de son histoire, chacun a son propre cheminement, qui passe pour certains par une reconversion à la chrétienté, mais pas forcément pour des raisons religieuses, plutôt pour retrouver une identité, une culture, une langue, mais aussi une dignité perdue. Parmi eux, une figure majeure, celle de Fethiye Cetin dont la publication de l’histoire de sa grand-mère Heranosh, kidnappée par les soldats génocidaires, mariée de force à un Turc, et condamnée au silence fit l’effet d’une bombe à sa sortie, et amorça ce phénomène nouveau de Turcs découvrant des ancêtres Arméniens. Fethiye Cetin, n’est autre que l’avocate du journaliste Hrant Dink, assassiné en 2007 par un nationaliste turc.
Avec Hamit Bozarslan , historien, Cengiz Aktar , politilogue, Ali Bayramoglu , politologue, Nazan Maksudyan , historienne
mercredi 15 avril Hrant Dink ou la mobilisation contre le déni par Ilana Navaro et Manoushak Fashahi
Le paria c’est celui qui voit ce que la masse aveugle ne voit pas. Hrant Dink était le paria conscient de la société turque. Depuis cette position, il a bâti une vision politique lucide de la société. Il soulevait à lui seul avec courage, le voile du tabou jeté sur le génocide des Arméniens. Ses déclarations lui valurent l’hostilité du gouvernement turc tandis que sa mort était programmée par les milieux nationalistes. Grâce à sa parole si franche, si viscérale, Hrant sut émouvoir beaucoup de ses concitoyens turcs. Il racontait à la fois son origine arménienne et sa citoyenneté turque toutes deux assumées et révélait sans détour dans des débats télévisés, ce que la société, dans sa grande majorité, refusait de reconnaître : une culture du déni. Hrant Dink était un homme de paix, un militant de la réconciliation. Avec son journal Agos en langue turque, il a donné à lire le traumatisme des Arméniens de Turquie aux Turcs. Il disait qu’il fallait que les Arméniens osent exprimer leurs opinions, n’aient plus peur, qu’ils disent leurs souffrances, leur identité, leur joie et leur culture.
Mais que reste-t-il du combat de cet homme, de son idéal de réconciliation entre les peuples difficilement compris par les turcs et aussi parfois dans sa propre communauté ? Comment progresser avec les acquis de son combat dans la Turquie actuelle ? Le président Erdogan a présenté, l’année dernière, ses condoléances aux victimes arméniennes des massacres de 1915, sans nommer les coupables ni le crime. Un portrait en filigrane de Hrant Dink, son combat, son journal Agos , sa femme, ses amis, avant et après sa mort. Un portrait aussi d’une certaine Turquie démocrate qui fait face à son propre passé et à son déni.
Avec Sarkis Seropyan , rédacteur des pages en arménien du journal Agos , Rakel Dink , veuve de Hrant Dink, Hasan Cemal , un des journalistes les plus connus de Turquie, et petit-fils de Djémal Pacha, l’un des trois dirigeants du Comité Union et de Progrès qui en 1915 avait commandité le génocide, Hamit Bozarslan , historien, Cengiz Aktar , politilogue, Ali Bayramoglu , politologue, Nazan Maksudyan , historienne.
Et aussi,
jeudi 16 avril ,17h-17h55 SUR LES DOCKS
Collection particulière / La fondation Bophana au Cambodge par Alain Lewkowicz et Céline Ters
"Comment vivre et envisager l’avenir si on n’a pas de mémoire ?" : c’est pour répondre à cette question que le Centre Bophana, le Centre de Ressources audiovisuelles pour le Cambodge, a ouvert ses portes en décembre 2006 au n° 64 de la rue 200 à Phnom Penh. Un lieu entièrement dédié à la reconstitution d’une mémoire nationale dans un pays où, d’avril 1975 à janvier 1979, les Khmers rouges ont tué la culture, la pensée, les âmes et les hommes. L’ordre ancien devait disparaître au profit d’un ordre nouveau où le passé et ses images n’existaient pas. Malgré la stabilité retrouvée à la fin des années 1990, le devoir de mémoire n’a jamais été sur la liste des priorités d’un pays exsangue, corrompu, autoritaire, où les services publics n’existent qu’à travers des initiatives non gouvernementales. Comment remédier à la dispersion des archives audiovisuelles et en assurer la restauration et la conservation ? Comment organiser leur collecte systématique au Cambodge et partout dans le monde ? Comment les hiérarchiser, les classer et ne cesser de les nourrir en fixant les images du Cambodge d’aujourd’hui ? Comment raconter le présent d’un pays où l’opposition n’a de réalité que le nom et où la censure est omniprésente ? Autant de défis qu’ont su relever le cinéaste Rithy Panh et l’ancien directeur du Centre du Cinéma cambodgien, le réalisateur Leu Pannakar. "L’anonymat dans un génocide est complice de l’effacement". Une vérité qu’ils rappellent en baptisant le Centre : Bophana. Hommage à une jeune femme : Hout Bophana qui résista à la folie des Khmers rouges en écrivant des lettres d’amour à son mari, Ly Sitha. Arrêtés, ils seront incarcérés à la prison S21 où en 1976, ils seront assassinés par leurs geôliers après avoir signé d’improbables aveux de trahison...

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