Alors qu'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) reproche à la France d'appeler à "envahir" le nord du Mali, Amnesty International publie un rapport alarmant sur la situation de la moitié nord du Mali, contrôlé par des groupes proches d'Al-Qaïda.

Cela fait près de cinq mois que des groupes islamistes proches d'Al-Qaïda occupent la moitié nord du Mali, et la situation semble s'être dramatiquement aggravée.
C'est en tout cas ce qu'explique clairement Amnesty International dans un rapport publié jeudi 20 septembre.
Gaëtan Mootoo, et Salvatore Saguès, chercheurs sur l'Afrique de l'Ouest au sein de l'ONG ont passé deux semaines au début du mois de septembre et ont publié un rapport sur la situation.
Ils étaient entre les villes de Mopti et de Sévaré aux portes du Grand Nord malien aux mains des djihadistes.
Ces groupes qui ont instauré la Charia, la loi islamique, et ils pratiquent des lapidations, des amputations, des exécutions extrajudiciaires. Il est aussi question d'agressions sexuelles sur des femmes.
Interrogé par Omar Ouahmane, Gaëtan Mootoo explique que la population est terrorisée :
> Vous trouverez en bas de cette page le rapport complet de 18 pages publié par Amnesty International
Pendant leur séjour sur place, les deux chercheurs ont rencontré Alhader Ag Almahmoud, 30 ans, un éleveur de troupeaux . Il a été amputé de la main droite le 8 août 2012 pour un prétendu vol de bétail.

La majorité a déclaré que j’étais coupable et qu’il fallait appliquer la Charia en me coupant la main droite au niveau du poignet. J’ai protesté, je leur ai dit que c’était injuste car je ne suis pas l’auteur de ce vol de bétail.
Les violences sexuelles persistent et des enfants soldats sont enrôlés

Les deux chercheurs ont pu rencontrer les responsables d'une milice basée dans le nord du pays : le FLN (Forces de libération du Nord). Ils ont également pu consulter le registre des effectifs et ont découvert les noms de 40 enfants âgés de 15 à 17 ans . Sur la photo ci-dessous, deux miliciens sont âgés de 16 ans

Pour les agressions sexuelles et les viols, Amnesty International estime qu'ils ont démarré dès la prise de contrôle du nord Mali par les rebelles. Ces actes aurait été commis notamment par des Touaregs du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), mais aussi par des membres des groupes islamistes présents sur place.
Le témoignage de Gaëtan Mootoo :
Les autorités maliennes également en cause
Près de la ligne de démarcation entre le nord aux mains des islamistes et le sud, l'armée régulière est également accusée d'exécutions sommaires.
A Djabaly, dans la nuit du 8 au 9 septembre 2012, Amnesty explique que 16 personnes, membres d’un mouvement de prêcheurs musulmans, suspectés d'être proches des islamistes ont été arrêtées à bord d’un véhicule par des militaires maliens.
Ils auraient été ont été exécutés de manière extrajudiciaire. Voici la liste des victimes publiée par l'ONG :


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