André Wilms joue La Fin de l’homme rouge, création d’après une adaptation du roman de Svetlana Alexievitch. L’ouvrage fait parler des centaines d’hommes et de femmes brisés par l’époque soviétique. Il est mis en scène par Emmanuel Meirieu sur les planches du théâtre des Gémeaux à Sceaux jusqu’au 17 février 2019. Extrait.
"Le premier communiste que j'ai vu, c'était dans mon village, j'avais 15 ans. C'était un jeune en manteau militaire. Il a fait un discours sur la place du marché. "Bientôt tout le monde aura la même chose". Les paysans criaient : "mais comment ça ?". "Vos femmes porteront des robes de soie et des chaussures à talons. Il n'y aura plus jamais de pauvres et plus jamais de riches et tout le monde sera heureux". J'avais 15 ans, ma mère allait porter une robe de soie, je pourrais faire les études, tous les hommes vivraient comme des frères et nous serions tous égaux. On m'a amené devant le commandant, il m'a demandé : "t'as quel âge toi ?" J'ai menti - "17 ans" - et c'est comme ça que je suis devenu un soldat de la révolution d'Octobre. Autour de nous, c'était la famine, le typhus, mais nous, nous on était heureux. On était heureux".