__ > Avignon 2011 : le dossier | les chroniques quotidiennes
Réécoutez la chronique de Joëlle Gayot
Deux auteurs sont au programme de cette première journée du 65e festival d’Avignon In qui, fait inédit, ne s’ouvre pas dans la Cour d’honneur. A l’opéra Théâtre, Arthur Nauzyciel adapte et met en scène en ce moment même Yan Karski, du romancier Yannick Haennel tandis qu’à 22 h, Patrick Pineau propose à la Carrière Boulbon, le suicidé , de Nicolaï Erdman, un auteur russe du début du siècle.
Le ton est donné pour une édition une fois de plus partagée entre classique et contemporain, entre modernité et tradition. Si Mademoiselle Julie , de Strindberg se joue avec Juliette Binoche en guest star, si Jeanne Moreau s’apprête à faire un passage dans les murs avec des textes de Jean Genet, si Patrice Chéreau fait son retour au cœur des remparts et si Théâtre Ouvert fête tout le mois ses 40 ans d’existence, le fait est les directeurs Hortense Archambaud et Vincent Baudriller tiennent leur ligne. Une ligne qui leur est parfois violemment reprochée : celle d’un théâtre radical, expérimental, également provocateur. Et c’est comme ça que l’artiste associé cette année n’est pas un metteur en scène mais un chorégraphe, Boris Charmatz qui fera dès demain son entrée dans la Cour d’Honneur avec une vingtaine d’enfants sur le plateau. De la même manière, la sulfureuse Espagnole Angelica Liddell revient créer le choc, tout comme les Français Sophie Perez ou Vincent Macaigne, qui ne font pas dans la demi mesure.
Alors qu’ils ont appris il y a peu que dès 2014, Olivier Py leur succèderait à la tête du festival d’Avignon, les deux directeurs actuels refusent de céder aux injonctions de ceux qui réclament ici un théâtre dit « populaire », un théâtre de textes ou un théâtre de grands acteurs. Pour eux, Avignon est le lieu où doivent se créer les représentations de demain, avec tout ce que cela comporte de dangereux et au risque, peut être, d’exclure le public. Un public qui pourtant, l’an passé, a plébiscité leurs choix puisque le taux de fréquentation a atteint les 95% avec , je le rappelle, 116000 billets vendus pour une jauge totale de 122000 places. Tout ne va pas si mal ici. Tout va même plutôt bien. Et même le Off continue à enfler qui propose en 2011 plus de 1100 spectacles.