Avignon 2018 | Quarante-sept spectacles, dont 35 créations, la 72e édition du Festival d’Avignon s'ouvre ce vendredi. Refaire le monde, penser l’exil, la justice, la beauté ou le bonheur dans la cité des papes, du 6 au 24 juillet.

Le Festival d’Avignon va s’ouvrir avec la représentation dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes d’une des pires tragédies qui soient. Quand je dis pire, je ne mens pas puisque dans Thyeste de Sénèque, que met en scène Thomas Jolly, nous assisterons à un infanticide, lui-même doublé de cannibalisme. Cette ouverture donne-t-elle le « la » de la suite du programme ? En partie. Car le festival est un grand livre cohérent dont chaque chapitre, c’est-à-dire chaque spectacle, a été choisi par le directeur, Olivier Py.
De la tragédie à la comédie
Il va donc y avoir, cette année, des tragédies, Thyeste, Iphigénie, Antigone. Des épopées sur fond de terrorisme, comme, par exemple, le spectacle du talentueux Julien Gosselin d’après l’œuvre de l’écrivain Don de Lillo. Des comédies intimes qui se terminent mal, ca sera le cas avec le Pays Lointain de Jean-Luc Lagarce, porté par les jeunes élèves de l’école du théâtre de Lille. Il y aura aussi des immersions dans les tensions sociales, guerrières et politiques de l’Iran, du Liban, ou de l’Egypte dont des artistes sont invités. Et encore un coup de projecteur volontairement très appuyé sur la question du genre, question qui sera traitée chaque jour par David Bobée et ses troupes lors d’un feuilleton quotidien proposé à midi, en plein air. On verra encore plus de 1500 spectacles dans le festival Off dont beaucoup seront à jeter. Mais pas tous. Et enfin on assistera à l’apparition, le 13 juillet à 20 h puis 22 h, dans la cour du Musée Calvet, haut lieu des fictions de France Culture, de la star Isabelle Adjani qui lira, avec Lambert Wilson, les lettres de Maria Casarès et Albert Camus.
Bref, Avignon, pour résumer, ce devrait être cet été un cru joyeux, intriguant, énervant, énervé, politique et passionnel où s’entrechoqueront le plaisir, l’exigence, les idées, le glamour, le soleil, les nuits courtes et les éclats de voix. Ce qui est, je crois, de bon augure.